Versione Italiana - Part 1 and 5 in English - Part 1 and 5 in Portoguese

Diego Cuoghi


ART ET OVNIS?
non merci, seulement l'art...


(traduction: Pascal Pediroda)

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PAOLO UCCELLO, LA TEBAIDE
(Galerie De l'Académie, Florence)

L'image ci-dessus, publiée dans plusieurs sites web, reproduit mal un détail de la toile intitulée "Scene di vita eremitica", dite aussi "La Tebaide", de Paolo Uccello:

La toile représente différentes scènes de vie monacale: en bas à gauche la Vierge apparaît à Saint Bernard; au dessus un groupe de moines se flagellent devant le Crucifix; au centre, dans une large grotte, est représenté Saint Jérôme en prière devant la croix, tandis qu’en haut Saint François agenouillé reçoit les stigmates. Dans la zone en bas à droite, est peut-être représentée la prédication de Saint Romuald.
Selon certaines hypothèses sur les OVNI cet objet rouge dans la grotte au centre, à droite de la croix, serait un disque volant: "Dans le cadre, détaché de la colline grâce à un effet de perspective, est présent un objet discoïdal, suspendu dans l’air, surmonté d’une coupole centrale. De couleur rouge, l'objet ressort par rapport au fond sombre. Le mouvement dynamique de l'objet volant est accompagné par l'artiste de petits traits, eux aussi de couleur rouge vif, qui rendent l'effet d’un virage brusque." (texte extrait de Edicolaweb)

L'agrandissement à droite montre un fond sombre et quasi uniforme. Par contre, si on observe une meilleure reproduction, on voit que le personnage agenouillé se trouve à l’intérieur d’une grotte et que l’ "objet étrange" est posé par terre sous la croix, et est beaucoup plus petit que l'animal.


N’importe qui connaissant un minimum l’histoire de l’art reconnaîtra dans cet objet une calotte de cardinal (on voit très bien les cordons avec les nœuds), en effet le personnage agenouillé est Saint Jérôme qui, on raconte, est devenu ermite après avoir renoncé à la charge ecclésiastique:
"Dans l’un des modules iconographiques les plus répandus, Jérôme dans le désert se percute la poitrine avec une pierre, agenouillé devant un crucifix ou immergé dans la lecture des Saintes Ecritures pour découvrir graduellement la séquence de la révélation divine et de son achèvement en Christ. L’abandon de la robe pourpre est le symbole de l'abandon de la vie religieuse, pleine d’honneurs et de satisfactions intellectuelles, mais pleine aussi de vanité, de conviction semblable à celle des pharisiens, de supériorité culturelle et morale.» (http://www.cini.it/palazzocini/testi/ferrar/gero.html)

"Son iconographie devient très commune surtout entre le XV et le XVII siècle. Il est représenté vieux, avec la barbe et le cheveux blancs, avec à côté la calotte de cardinal; il est accompagné du lion auquel, selon les histoires populaires, le saint a extrait une épine de la patte. En plus des moments spécifiques de sa vie (saint Jérôme dans le désert, fustigé par les anges lorsqu’il est tenté ou a des visions, ses aventures avec le lion, l’ultime communion, ses miracles) sa figure est associée surtout à trois typologies. En tant que pénitent vêtu de peau de bête ou de haillons, est agenouillé devant un crucifix et il se frappe la poitrine avec une pierre; à côté de lui il peut y avoir la clepsydre et la tête de mort, symboles du temps qui passe et conduit à la mort. En tant qu’érudit, il siège dans son étude, en train de lire ou écrire, entouré des instruments du savoir. En tant que docteur de l’Eglise, il est en revanche représenté debout, avec l’habit rouge de cardinal, titre qui à l’époque en réalité n’existait pas mais qui lui est attribué en souvenir de son travail prêt du pape." (http://www.thanatos.it/cultura/personaggi/san_girolamo.htm)

Saint Jerome de Pietro Vannucci, dit il Perugino, et de Albrecht Bouts:

Le lion à côté du saint rappelle la légende selon laquelle Jérôme aurait sauvé et domestiqué le fauve en lui enlevant une épine d’une de ses pattes. Mais le lion est aussi le symbole de l'évangéliste Saint Marc et de la République de Venise, en effet on racontait que Saint Jérôme serait né en Dalmatie. En dépit de cela, différents sites web sur les OVNI rapportent un article de Umberto Telarico publié par "Notiziario UFO" (n. 8, 1996) dans lequel l'animal est décrit comme un "cagnolino" (petit chien).

Et voila une petite galerie d’autres peintures qui représentent Saint Jérôme. Dans les trois premières, on le voit en habit de cardinal, avec la calotte rouge sur la tête. Dans la quatrième, Saint Jérôme est représenté dans les deux vêtements: cardinal à gauche et ermite, avec la calotte par terre, à droite:

Dans les suivantes Saint Jérôme est par contre représenté comme ermite, en prière devant la croix, avec la calotte rouge par terre:

Dans le numéro 94 de septembre 1992 de FMR, la revue d'art de Franco Maria Ricci, ont été publiés deux articles sur l'iconographie de Saint Jérôme , signés par Erika Langmuir et Erminio Caprotti. Il y a dedans beaucoup d’illustrations qui représentent le saint avec la calotte rouge typique.
De l'article de Caprotti, je cite: "Le premier à diffuser une vie de Saint Jérôme fût Giovanni di Andrea di Bologna (vers 1348), pour qui la vérité historique était envahie de connotations légendaires. Le même auteur donnera même des instructions aux artistes pour l'iconographie du saint, qui devinrent canoniques: Cum capello, quo nun cardinales utuntur, deposito, et leone mansueto (Avec le chapeau, du type que portent maintenant les cardinaux, déposé à terre, et avec le lion apprivoisé. n.d.r.) . Le chapeau en question est présent dans une multitude de représentations du saint mais en réalité il ne lui appartenait pas puisque Jérôme ne fût jamais cardinal, précisément comme il ne rencontra jamais le lion blessé. Mais cela n’a pas d’importance. En se dépossédant de ces caractéristiques arbitraires, l'art les fixera comme certitudes à transmettre à la descendance, heureusement pour nous avec de merveilleux chefs d’œuvre."


Conclusions:
Dans la peinture de Paolo Uccello appelée "La Tebaide" il n’y a pas d’OVNI. Cet objet rouge voisin de l'homme en prière est la calotte de cardinal de Saint Jérôme.



CARLO CRIVELLI, Annonciation
(National Gallery, London)

Les auteurs de certains sites sur les OVNI s’étonnent devant cette Annonciation de Carlo Crivelli. Ils trouvent étrange que dans une Annonciation il y ait un rayon qui descende du ciel et va toucher la Vierge et ils soutiennent que ce rayon part d’un objet volant non identifié de forme discoïdale qui se trouve dans les nuages. Toutes les reproductions du détail du cercle de nuages dans le ciel sont horribles, floues, indéchiffrables. Personne ne semble avoir cherché une reproduction meilleure, ils s’échangent simplement toujours celle-ci:

Je rapporte le commentaire, dans ce cas assez modéré, de Edicolaweb: «Peinture de Carlo Crivelli, connue en tant que "Annonciation", exposeé dans la Galerie Nationale de Londres. Dans le ciel de l’œuvre stationne un grand disque brillant, duquel descend un rayon de lumière qui arrive jusqu’à une couronne posée sur la tête de Marie".
Mais dans un autre commentaire, extrait d’un autre site web intitulé "Gli UFO del Crivelli", on affirme sans retenue que l'objet dans le ciel ressemblerait à un OVNI aperçu dans la région de Venise en 1999: "Ce qui a attiré notre curiosité est la particularité du corps nuageux: il apparaît comme quasi solide, avec une structure circulaire et vraiment différente des nuages autour. Il pourrait s’agir seulement du cercle solaire (émanation directe de l’énergie divine) ou plutôt d’un objet vu réellement par Crivelli et qu’il a ainsi représenté. Comme preuve de cette seconde hypothèse c’est vraiment l’aspect solide de l’objet, qui n’est pas une entité abstraite; de plus on peut reconnaître la ressemblance du ‘nuage’ avec un OVNI récemment aperçu en janvier 1999 dans le Vénète. Au lecteur de juger."
Est-il possible que celui qui publie ces choses ne soit jamais entré dans un musée, même par erreur, et encore moins en voyage scolaire? Ca doit vraiment être ça, sinon il se serait rendu compte de la quantité d’Annonciations dans lesquelles un rayon descend du ciel pour frapper la Vierge. Et si ensuite il avait aussi regardé avec attention la peinture de Crivelli, il se serait aperçu que l'objet dans le ciel est formé d’un cercle de nuages à l’intérieur duquel on peut trouver de cercles de petits anges.

Il s’agit d’une représentation très commune de la divinité, visible dans une multitude d’œuvres d’art sacré, par exemple cette Annonciation de Luca Signorelli:

Ici nous voyons la coupole du Dôme de Parme avec les fresques de Correggio, et une Vierge à l’Enfant de Lorenzo Lotto:

Même Gustave Doré, à la moitié du XVIIIème, reprend le thème du tourbillon d’anges entre les nuages, dans cette illustration pour le chant XXXI du Paradis de Dante:


regarde les cercles jusqu’au plus éloigné,
jusqu’à ce que tu voies siéger la reine
dont ce royaume est sujet dévot».

Je levai les yeux; et comme le matin
la partie orientale à l’horizon
dépasse celle où le soleil décline,

ainsi, comme en allant des yeux à la montagne,
je vis une partie à la cime,
vaincre en lumière tout l’autre front.

Et comme ici au point où on attend le char
que Phaéton conduisit mal, l’air s’enflamme plus,
et des deux côtés la lumière s’atténue,

ainsi cette oriflamme pacifique
se ravivait au centre, et de toutes parts
de la même façon palissait ce feu;

et, dans ce milieu, les ailes déployées,
je vis plus de mille anges en liesse,,
tous différents par l’art et par l’éclat.

 

Voici quelques Annonciations avec le cercle de nuages, les anges et les rayons:

Ici, une série d’Annonciations byzantines avec des rayons qui sortent du ciel, en partant d’une forme abstraite que représente la divinité:


Conclusions:
Dans la peinture de Carlo Crivelli intitulée "L'Annonciation" il n’y a pas d’OVNI. Le rayon qui atteint la Vierge qui écoute les paroles de l'Ange part de deux cercles de petits anges à l'intérieur d’un cercle de nuages. Ce type de représentation de la Grâce de Dieu comparait dans une multitude d’autres oeuvres d'art médiéval et de la Renaissance, mais surtout dans la majorité des Annonciations et des Baptêmes du Christ.>


"EXALTATION DE L'EUCHARISTIE" (part. de la Trinité)
de Ventura Salimbeni

Eglise de Saint Pierre, Montalcino



Nous voilà finalement arrivés au tant discuté UFO o "Sputnik" de Montalcino. C’est comme ça en effet que cet objet, représenté dans l’église de Saint Pierre à Montalcino, est souvent nommé sur les sites qui traitent des OVNI. Par exemple dans la page de Edicolaweb on trouve qu’il "rappelle justement les satellites artificiels russes". Dans ce cas, il faut dire que ces hypothèses ont perdu récemment du terrain, surtout après la publication de l’article de Samuele Ghilardi, Amos Migliavacca et Elenio Salmistraro intitulé "IL SATELLITE DI MONTALCINO".

Les auteurs décrivent comment a été analysé la peinture avec des photos à faible distance, et comment leurs conclusions sont en droite ligne avec ce qu’avait affirmé Ion Hobana: "Il est intéressant de présenter l'interprétation de l'ufologue roumain Ion Hobana, grand expert de clipéologie et auteur de l'excellent volume "Enigme pe cerul istoriei" , selon lequel l’objet serait une mappemonde antique, représentant le Création, dans laquelle on voit le soleil et une forme primitive de tracé des méridiens et parallèles; de plus le petit cylindre serait l’axe pour pouvoir fixer la sphère à un support. Un exemple de l’ensemble se trouve dans une salle du Vatican. A partir des analyses effectuées sur les photographies et sur la toile originale, on ne peut trouver objectivement des éléments qui fassent supposer à un événement lié aux OVNI, puisqu’on a trouvé beaucoup de points en commun avec les représentations religieuses greco-orthodoxes. Dans de nombreuses icônes provenant des Pays de l'Est, il est possible de noter des sphères avec les mêmes symboles et traits, accompagnés soit du visage du Christ seul, soit de toute la Trinité."

En effet même cette peinture n’est pas très différente de beaucoup d’autres du même type dans lesquelles est représentée la Trinité. Dans toutes ces toiles nous voyons Jésus, Dieu le Père et l’Esprit Saint sous forme de colombe. Il y a presque toujours le "Globe du Création" ou "Sphère Céleste", qui ne représente pas en particulier la Terre, mais l'Univers entier. Et dans beaucoup de ces exemples apparaissent aussi les "bâtons" dans la main de Jésus et de Dieu le Père, et qui pourtant sont souvent décrits comme étant les antennes du sputnik.

Une toile représentant La Trinité, la plus identique a celle de Montalcino, exposée au l'Eglise du Saint-Sépulchre de Jérusalem (photo de Marco Bianchini).

Les deux exemples suivantes sont "L'Adoration de la Sainte Trinité" (1640) de Johann Heinrich Schonfeld, et "La Messe de Fondation de l'ordre des Trinitaires" (1666) de Juan Carreno De Miranda. Tous les deux sont esposés au Louvre.

Le détail qui apparaît comme le plus "étrange" dans la sphère de la peinture de Montalcino, est celui qui se trouve en bas, prêt des pieds de Jésus, et que certains définissent comme étant un "périscope". L'ufologue roumain Ion Hobana trouve une ressemblance avec l’axe central utilisé pour certaines mappemondes, et il en cite une en particulier, qui se trouverait au Vatican. Mais ce qui est peint n’est ni un périscope, ni un axe. On voit en effet clairement que sur la sphère (sur lequel sont marqués les bords des "faces" qui forment un T à l’envers, visibles également dans d’autres exemples) sont représentés le Soleil et la Lune, respectivement en haut au centre et en bas à gauche.



Le même type d’illustration astronomique à l'intérieur de la Sphère Céleste se trouve en effet dans une autre toile représentant La Trinité, dont l'auteur est Pieter Coecke

Si nous observons le globe, nous pouvons noter la face du Zodiaque, le Soleil, la Terre avec le cône d'ombre, et la Lune, beaucoup plus petite en bas.

Une autre représentation de la Sphère Céleste dans une peinture du début du XVème intitulée "Allégorie Chrétienne" de Jan Provost, exposée au Louvre.

Voici une autre représentation, comme les autres, de la Sphaera Mundi, avec la Terre au centre de l'Univers, érigée de la main de Dieu:

Dans cette illustration, extraite de Minerva Britanna de Henry Peacham, au centre de la sphère se trouve l'Homme, et autour de lui tournent le Soleil, la Lune et les Etoil


Conclusions:
La sphère représentée parmi les personnages de la Trinité dans la peinture de Salimbeni intitulée "L'exaltation de l'Eucharistie" n’est pas un OVNI. Cet objet, présent dans une multitude de toiles qui traitent du sujet de "La Trinité", est le symbole de la Sphère Céleste, et en particulier dans ce cas, il contient la représentation du Soleil et de la Lune.


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